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Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/177

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L’ÉTRANGER


Quelques instants après, le foyer de famille
S’égayait au feu clair du sarment qui pétille.
À la porte, soudain, résonne un coup léger :
On ouvre.    Un inconnu, d’aspect fort étranger,
Vêtu d’un long manteau tout maculé de neige,
S’avance et du regard sollicite ce siège
Qui, toujours près de l’âtre est là pour recevoir
Ceux que les froids d’hiver harcèlent chaque soir
Quand la rafale gronde, et que par la campagne
Le vent hurle sa plainte au flanc de la montagne.

Et l’on parle d’absents, d’exil et de pays.
Et les vieux en sanglots racontent du logis
Leur départ malheureux et l’histoire émouvante
Du fils dont le silence affreux les épouvante ;
Les espoirs de jadis et les rêves si doux !
Quand, soudain l’Étranger tombant à leurs genoux,
Dit les yeux pleins de pleurs : « Ô père, bénis-moi,
« Vois ton fils te reviens aimant et plein de foi,
« Humble berger guidé par l’étoile du ciel… ! —

Et le clocher au loin chantait : Noël ! Noël !