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L’AUBE


À. M. Alphonse Desilets,

Au chantre des terriens.


Les étoiles s’enfuient lentement, une à une.
Par-delà les sommets des monts silencieux
Une étrange lueur nimbant le fond des cieux
Émerge à l’horizon, tel un rayon de lune.

Les coqs, à pleine voix, éveillent le bétail.
Sur la paille étalant leur toison courte et rêche,
Les bœufs, en ruminant, front bas devant leur crèche,
Pressentent le moment du retour au travail.

L’aube à lui. Sur les toits, il n’est pas jour encore
Et ce n’est plus la nuit ; car, quittant son sommeil,
La nature préside au mystique réveil
Des choses et reçoit le baiser de l’aurore.

L’air printanier est pur et sent bon les moissons.
Baigné des pleurs féconds du matin, le feuillage,
Par la brise agité mêle son babillage
Aux trilles des oiseaux cachés dans les buissons.