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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Bientôt ils ont franchi le dernier des pâtis
Où somnole sans cesse un groupe de taurailles.
Une perdrix s’enfuit d’un amas de broussailles
Et file en droite ligne au bord d’un abatis.

Dans la brousse, bientôt leur dur labeur commence.
Scalpant le sol, creusant, arrachant des cailloux.
Ils « serpent » les taillis où nichent les hiboux.
Où la grive aux aguets ne dit plus sa romance.

Ils luttent corps à corps avec de longs chicots
D’arbres morts ou mourants et qui, jonchant la terre
Déracinés, tordus, dans leur cœur solitaire.
Gardent encor des nids les amoureux échos.

Ils fouilleront ainsi jusqu’au soleil couchant
Le bon sein maternel et fécond de la glèbe,
Broyant de pâles fleurs, détruisant gerbe à gerbe,
Ce que le clos herbeux recèle de méchant.