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DANS LES FRICHES


Puis quand le sol meurtri saigne jusque dans l’âme,
Pour consommer leur œuvre, çà et là, ses bourreaux
Ramassent sa toison de thym et de sureaux,
Et, sans aucun remords, y projettent la flamme.

Et dans l’ombre où s’éteint un reste de bûcher,
Ils reviennent sans bruit par les prés centenaires,
Noirs, enfumés, pareils à des incendiaires
Fuyant le cri d’alarme éperdu d’un clocher.

Et qu’importe à ces gens leur œuvre surhumaine…
Afin de voir plus tôt germer d’autres sillons,
Leur cœur chante plus fort, sous leur veste en haillons,
D’avoir en la forêt agrandi leur domaine.