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APRÈS LES LABOURS


« Il fallait voir les bœufs après chaque sillon,
« — Rides marquant le front de nos terres nouvelles —
« Faire sous leurs sabots voler des étincelles,
« Et s’arrêter, parfois, las des coups d’aiguillon. »

« Ils ont bien mérité de mon humble clémence,
« Ces vaillants compagnons de mes rudes labeurs.
« Aussi, je leur promets repos et jours meilleurs
« Quand j’aurai terminé mes labours et semence. »

« C’est pourquoi, je renonce à les vendre tous deux.
« Jacques, notre voisin, m’offre en retour Éole.
« Qu’il garde son cheval ; jamais pour telle obole
« Je ne puis lui donner en échange l’un d’eux. »

Ainsi, de son travail l’homme entretient les siens,
Car, s’étant mis à table au sein de sa famille,
Il dit de gais propos et le rire pétille
Sous ce toit où sont nés, où sont morts les anciens.

Puis il soigne ses bœufs, prépare leur litière,
Caressant de la main chacun des animaux
Dont luisent les bons yeux ainsi que des émaux ;
Il chante, et sa voix monte en la nuit, douce, altière.

Alors, qu’il sait fini pour ce jour son labeur,
Ce service amoureux à la glèbe jalouse,
Après avoir prié près de sa chère épouse,
Il s’endort dans la paix sereine du Seigneur.