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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Puis, tel un fin bijou, chef-d’œuvre d’un grand maître,
Des rayons ont surgi, là-bas, vers l’horizon.
C’est du bon laboureur l’humble et chaude maison,
Dont la lampe furtive éclaire la fenêtre.

Sur le seuil de la porte, un enfant dans les bras,
Une fermière au teint de rose, au large buste,
Agite la menotte du poupon robuste,
Tandis qu’à l’abreuvoir s’arrêtent les bœufs gras.

L’homme entre. Le foyer s’emplit de sa présence.
Puis, baisant sur le front l’épouse, par deux fois,
Il parle du sol qu’il a soumis à ses lois,
Et de riches moissons lui promettent l’aisance.

« Quelle chaleur ! dit-il, là-haut, en plein soleil.
« Dix fois j’ai cru prudent de quitter mon ouvrage.
« Mais le sillon fini, je reprenais courage,
« À mon travail obscur mais noble sans pareil. »

« Femme, j’ai labouré tous le flanc de la « Butte, »
« Et tu le sais, le sol est plus fertile en rocs
« Qu’il ne l’est en épis. Aussi, combien de socs
« Reviennent émoussés de cette ardente lutte ».