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Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/40

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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Devant la vieille grange où s’entassent les gerbes,
Pour les travaux des champs, les bœufs à l’abreuvoir
Attendent sous le joug, imposants et superbes ;
L’homme vaque aux préparatifs de son devoir.

Tout est prêt. On a mis dans la rude charrette
La cruche d’eau, le fouet, les fourches, les râteaux.
« He ! le Noir !… Ho ! le Caille ! !… » exclame une fillette
Gourmandant le bétail à grands coups de cordeaux.

Grinçant, le char s’ébranle. Et la faulx sur l’épaule,
Les faucheurs, devisant s’acheminent aux prés.
Le chien cherche la source où se mire un vieux saule ;
Au loin, le jour blanchit les coteaux diaprés.

L’acier crisse et reluit. La fauchaison commence.
Et les beaux épis d’or s’abattent lourdement,
Avec un long sanglot pareil au bruit immense
Du flot qui, sur les rocs, déferle lentement.

Et sans cesse le blé sur d’autres blés s’écroule.
La plaine vaste semble un grand champ de combat.
Sur le front des faucheurs, lente, la sueur coule ;
Et la moisson toujours sur la moisson s’abat.