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POÈME CHAMPÊTRE

II

Cependant d’un clocher trouant l’épais feuillage,
L’airain lance en l’azur sa prière au midi.
Les grillons ont cessé leur triste babillage.
Paisibles sont les champs ; calme l’air attiédi.

Plus rien ne bouge. Seule, à cette heure où la route
Repose et dort, l’on voit venir, d’un pas léger,
Une servante dont la voix met en déroute
Quelques moutons broutant le long d’un potager.

Et les hommes suivant le plus âgé, leur maître.
Après avoir groupé leurs outils en faisceau,
Vont s’asseoir, tour à tour, à l’ombre d’un gros hêtre
Dans le faîte duquel vocalise un oiseau.

Gens rustiques et forts, orgueilleux et tenaces,
Ne reculant jamais en face du labeur,
Ils disent en commun pieusement les Grâces,
Graves et recueillis jusqu’au fond de leur cœur.

Leur couteau fruste au poing, ils partagent les vivres.
Et le bon lard salé sur les tranches de pain,
Apaise l’appétit de ces travailleurs ivres
Du parfum des épis odorant le lointain.