Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Et c’est la sieste. Alors, avec désinvolture,
Dans l’herbe enseveli pour prendre son repos,
Chacun livre au sommeil sa robuste stature,
Pour que bientôt leur corps s’éveille plus dispos.

Et de nouveau s’engage, émouvante, la lutte
Où la moisson paraît reculer pas à pas.
L’homme a vaincu la plaine, et, maintenant, la « Butte »
Sous la faulx qui la mord se soumet au trépas.

Parfois, un paysan, du creux de quelque souche,
Tire une cruche en grès, et, les deux bras tendus,
En fixe lentement le goulot à sa bouche
Et boit, les yeux au ciel rêveusement perdus.

Ainsi, de l’aube au soir, semant parmi les gerbes
La douleur et la mort, l’homme sera vainqueur,
Heureux d’associer à ses moissons superbes,
L’espoir du pain conquis aux peines de son cœur.