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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


« Tu veux tout délaisser pour la cité fatale… ?
« Non, non ! Sache, qu’un jour, nos fils à ton orgueil
« Sauront bien réclamer cette place au soleil
« Que tu dois leur garder sur la terre ancestrale ! »

« Combien de paysans, — comme ces matelots
« Partis avec espoir sur l’océan tranquille,
« Ne sont point revenus. — Hélas ! combien la ville
« N’en cache-t-elle pas dans ses immondes flots… ? »

« Mille sont morts de faim pour deux qu’elle fit riches !
« Oh ! tu pleures, ami… ! Pierre, sèche tes yeux !
« Nos morts ont pardonné ton désir oublieux,
« Car demain, comme hier, nous irons par nos friches ! »

Cet homme reconquis s’arrête, et saluant
Le bien de ses aïeux, l’acclame de son geste
Digne d’un conquérant, et dit : « Femme, je reste ! » —
Et le couple joyeux sourit en s’embrassant.