Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
LES GUÉRÊTS EN FLEURS

Disant ainsi sa joie à toute la nature,
Disant haut son orgueil, mais disant aussi bas
Combien grave est sa peine à sonner tant de glas
Chaque mois, chaque jour, pour si peu de baptêmes.
Elle sonnait parmi les calmes bouleaux blêmes.
Et sonnait au-dessus du moulin du meunier
Dont la vanne au repos, le blutoir au grenier,
Ne concevant pourquoi ce peu de vigilance,
Se demandent d’où vient cet étrange silence
Et ne comprennent pas.
Or les enfants joyeux,
Les parents, les amis, le rire dans les yeux.
Vers ces cœurs du terroir, lançant souhaits et roses
Dans l’église natale aux portes demi-closes,
Se sont agenouillés. Un vieux prêtre en surplis,
Le pas tremblant, le front ridé d’augustes plis,
Ému de la beauté de leur double jeunesse,
Bénit leur chaste amour jusques en leur vieillesse.

Et dans l’humble clocher rêvait le vieux sonneur,
Et la cloche toujours sonnait en leur honneur… !