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ÉBAUCHE


À M. l’Abbé Camille Roy,

Au savant littérateur.


Des toits ombreux et gris d’où monte une fumée,
Quand du parfum des champs la brise est embaumée,
Dans son calme rêveur qui lui vient de Dieu seul,
— Tel après les labeurs du jour s’endort l’aïeul —
Oh ! que j’aime revoir, caché dans le feuillage,
Le doux berceau que fut mon humble et cher village !
Au loin, sur l’infini du ciel le vieux clocher,
Semble plus que jamais vouloir se rattacher !
Nulle rumeur ; partout l’étrange solitude
De la nuit dont le cœur cherche la quiétude !
Les hommes, harassés reviennent lentement
Des labours, cependant qu’à l’horizon dormant,
Scintillante et lointaine une étoile s’allume
Et que vibre en cadence un dernier bruit d’enclume.
C’est le calme et la paix.     Dans son nid l’oiseau dort.
On dirait le village un vague et lointain port.
Seuls, s’attardant encor sur le bord de la route
Où le ruisseau tari dans quelque étang s’égoutte,
Des canards au col vert, au bec noir de purin,
Explorent les entours pour y trouver du grain.
Sur la côte, l’église en plein noroît se dresse.
Contre son mur, pour mieux en sentir la caresse,
C’est l’étroit cimetière où déjà bien des miens
Dorment sous le granit du sommeil des anciens.