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POÈME HIVERNAL


Le village est désert… pas un être en chemin…
Les grands porcs aux flancs creux, qui vont à l’aventure
Cherchant, fouillant du groin une maigre pâture,
Seuls, affrontent le froid mortel à tout humain.

Non… ! Quelqu’un, à l’orée un peu sombre du bois,
Vers le bourg endormi lentement s’achemine
Courbé sous un bissac qu’un long bâton termine ;
Il grelotte, et son corps a des frissons parfois.

Le sceau noir de la mort a marqué son visage.
Et tandis qu’en la bise erre le triste gueux,
Je songe que j’ai vu passer d’un pas boiteux
La Misère en haillons au fond du paysage.