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POÈME AUX AÏEUX


Agnosco veteris vestigia patres…
Virgile. (Énéide, V,)


De Francs, ils étaient fils… Exploiteurs héroïques,
Marchands, soldats, marins, je ne vous connus pas,
Mais l’écho grandissant de vos combats antiques
Vibre encore en mon cœur par-delà vos trépas.

Il en est un surtout qui rêvant dans son âme,
D’un sol inexploité, se rendre l’acquéreur,
Transmit au sang des miens la pure et douce flamme
De son ardent amour. Il se fit laboureur.

La hache sur l’épaule, il partit dès l’aurore,
Un matin de printemps en longeant l’Etchemin
Dont les bords rocailleux nous conservent encore
Des sauvages tribus, le sinueux chemin.

Là, dans la forêt vierge et fourmillant de fauves,
Abattant les grands pins aux fronts audacieux,
Il bûchait jusqu’à l’heure où les étoiles mauves
Comme autant de falots illuminent les cieux.

Un jour, à travers bois, il entrevit la nue.
Conquise, la forêt scintilla de clarté.
La lumière en tous sens, jusqu’à lui parvenue,
Mit au front du colon un nimbe de beauté.