Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Puis la réalité fit place à l’espérance !
Bientôt une chaumière accueillit son corps las.
Le Sol, muet témoin de sa persévérance,
S’offrit, docile au coutre, à l’effort de ses bras.

Une femme pieuse — aïeule aimante et brave —
Suivit l’aïeul robuste au sein de son labeur.
Le devoir fut moins lourd, et jamais nulle entrave
N’affaiblit un instant leur courage et leur cœur.

Sans craindre de l’Indien la constante menace,
Ils soumirent la glèbe aux grés de leurs travaux,
Réconfortés toujours par le lien vivace
De la chair et du sang et des espoirs nouveaux.

Ils semèrent… Depuis, ordorants, sur la rive,
D’immenses champs de blé parfument des hameaux
Dont la voix du clocher, en passant nous arrive
Comme un chant de berger rêvant sous les ormeaux.

Voilà de mes aïeux, sommairement l’histoire !
Si l’oubli mensonger au livre du Destin
Tente d’en détacher parfois ce fait notoire,
Poème cher, sois-en l’aube de son matin.