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Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/76

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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Mais je veux que ce soit loin de la foule immense,
Dans un coin solitaire, à l’abri d’un cyprès,
Où, seul, l’oiseau viendra dans ce champ du silence,
Préluder à son chant et s’envoler après.

Qu’une humble croix de bois indique ma dépouille.
Je bénirai la mort et remercierai Dieu
D’entendre encore au soir le sol que l’homme fouille
Chanter des blés vermeils la naissance en ce lieu.

Alors, dans ce décor grandiose et champêtre,
Un faucheur matinal ployant les deux genoux
Sur mon tertre isolé, me parlera peut-être,
Comme à quelque ami cher, des choses de chez-nous…

Il me fera savoir si les moissons sont belles,
Si notre fier pays est toujours respecté,
Si mes enfants au sol sont demeurés fidèles,
Si l’hiver fut clément et propice l’été.