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POÈMES AUX AÏEUX

IV

Pardonnez, ô mes morts, si ma folle jeunesse,
N’a pas suivi l’appel qui venait du passé ;
De n’avoir pas repris le cœur plein d’allégresse,
Le très noble labeur que vous m’aviez laissé.

Oui, pardonnez toujours si vos labeurs antiques
Ne voient plus les grands bœufs tracer d’autres sillons,
Si les faulx sur l’entrait, dans leurs luttes épiques,
Ne couchent plus des blés les rudes bataillons.

Un lugubre sommeil s’empare de ces choses !
La mousse, les lichens, les ronces des sentiers,
Comme un esprit vengeur en ses métamorphoses,
Les couvrent de sain-foin, d’ivraie et d’églantiers.

Mais bientôt l’instant cher à leur âme accueillante
Reverra de nouveau votre vieille maison
Tressaillir d’une joie émue et bienveillante,
Au retour de son fils, à la proche saison.