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POÈMES AUX AÏEUX

V

Comme eux, les laboureurs de coteaux et de plaines,
J’ai voulu dans un sol moins aride au devoir,
Semer ces quelques vers aux illusions pleines
De l’arôme enivrant des choses du terroir.

Comme eux, les défricheurs de prés et de savanes,
Les pousseurs de charrue aux bras forts et nerveux,
Dont les muscles d’acier ainsi que des lianes,
Encerclant les chicots, arrachent leurs troncs creux ;

Comme eux, les combattants sublimes des sauvages,
Les braves, les soldats, les croyants valeureux ;
Comme eux, les fiers marins venus d’autres rivages
Planter la croix du Christ et la défendre en preux ;

Oui, comme eux, je voudrais quoique très mal je rime
Dire leur poésie, avec ce différent :
La leur, ils la vivaient, la mienne, je l’exprime ;
De ce fait je me crois quelque peu leur parent.

C’est à vous mes aïeux, que j’en dois rendre hommage !
Vous seuls êtes l’auteur de mes songes d’antan.
Car né de votre chair pour être à votre image,
Paysan, vous étiez ; je reste paysan !