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ORAGE D’ÉTÉ


Le ciel est gris. Il pleut. Le tonnerre au loin gronde
L’horizon par instant s’illumine d’éclairs.
Le feuillage sanglote aux bords des étangs clairs ;
Sous bois, près de la ferme un troupeau vagabonde.

Il semble que l’azur pleure depuis toujours…
Et l’orage crépite aux carreaux des fenêtres ;
Ruisselle sur les toits, dans le faîte des hêtres,
Aux jardins, et détrempe et souille les entours,

Il s’écrase et vagit sur les routes pierreuses ;
Se perd dans les ravins avec des élans sourds ;
Aux barrages se choque, écumeux, en bonds lourds
De fauves pourchassés par des meutes nombreuses.

Il trace des sillons dans le flanc des coteaux,
Lave aux vergers les fruits en proie aux bestioles ;
Court, plonge, se disperse à travers les rigoles,
Submergeant en chemin les frêles végétaux.