Page:Ginguené - Lettres sur les Confessions de J. J. Rousseau, 1791.djvu/25

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éprouver ſoi-même ; ou de ſe dire le protecteur d’un homme qui ne veut pas qu’on le protége, pour pouvoir enſuite le vexer, le calomnier, le perdre, ſans qu’il puiſſe repouſſer les vexations, venger perte, & démaſquer la calomnie ! cette doctrine eſt aſſurément fort commode ; & l’on ne doit pas être ſurpris que, dans le monde, elle ait autant de défenſeurs.

Mais, inſiſtera-t-on, je fais ici juſtement ce que j’ai dit qu’il n’étoit pas temps de faire ; je décide ce qui eſt en queſtion ; ceux qu’il appella ſes ennemis, je les appelle ainſi moi même ; je regarde comme réels leur haine, leurs complots, leur ſyſtême. Non je reviendrai ſur cela dans la ſuite ; mais à préſent je ne décide point, je préſume ou je ſuppoſe vrais les faits que Rouſſeau leur impute ; & je dis que, d’après ces faits, d’après l’intime conviction qu’il avoit de leur réalité, il n’a point paſſé les bornes d’une défenſe & d’une vengeance légitimes : je dis que le toſin qu’on ſonna d’avance contre cet ouvrage, ſemble être plutôt en raiſon de ce que les gens qui y ſont nommés avoient à ſe reprocher envers l’Auteur, & du mal qu’ils lui avoient fait, que du mal qu’ils avoient à en craindre.

D’Alembert qui, dès que le malheureux Jean-Jacques eût fermé les yeux, le calomnia en pleine