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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/105

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PINDARE

sance de son art, il rendit pleinement le brillant caractère de cette fête. C’est ici surtout que l’antiquité grecque s’éloigne de nous et doit être expliquée.

Nous avons peine à comprendre l’enthousiasme qu’excitait un athlète vainqueur. On se passionne aujourd’hui, chez certains peuples surtout, pour des courses de chevaux, des luttes de force et d’adresse ; mais la victoire reste un fait particulier et local ; tout au plus voit-on en présence les champions de deux pays. Une victoire olympique intéressait tout le monde grec. Toute la Grèce, représentée à Olympie ou à Delphes, y trouvait pour quelques jours cette union que lui refusait la politique ; elle s’unissait dans le sentiment commun de jouissance que lui causaient ces exhibitions de force, d’adresse, de beauté corporelle, de toutes ces qualités savamment développées qu’elle regardait comme un signe de race. Le vainqueur qu’on acclamait était un vrai fils de la Grèce ; et quand à la suite de son nom retentissait, prononcé par héraut, celui de sa patrie, sur elle rejaillissait une gloire panhellénique. Aussi quel accueil elle lui faisait à son retour ! Souvent son entrée dans sa ville natale était un triomphe. Il s’avançait sur un char, escorté de ses parents et de ses amis. Plutarque nous dit[1] que, dans certains cas, il avait le droit de faire abattre un pan de muraille, comme un

  1. Sympos., II, 5, 2.