Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

défaite commune des Thébains et des Perses, Pindare resta partisan de cette aristocratie qui conduisit la ville à trahir la cause nationale, et voulut aider au rétablissement de son autorité. Lui-même d’ailleurs en faisait partie par sa naissance. Quelle est donc la vérité sur les sentiments de Pindare ? Était-il pour Thèbes ou pour la Grèce ? N’aurait-il pas varié suivant les temps, partisan du grand roi avant ses échecs, de la cause hellénique après son triomphe ? Ou bien ces éloges de la victoire de Salamine à Égine et à Athènes, de celle d’Himère à Syracuse, ne seraient-ils que des témoignages de la condition générale du poète lyrique, panégyriste obligé de ceux pour lesquels il chante, et n’ayant pas la liberté d’omettre leur plus glorieux succès parmi tous ces titres d’honneur qu’il doit faire revivre en ces jours de fête ? On voit qu’il y a matière à discuter. Nous n’entrerons pas ici dans le détail de cette discussion ; mais nous nous bornerons à dire que, pour notre part, nous ne pouvons pas réussir à voir autre chose qu’un contre-sens dans l’interprétation que Polybe paraît donner aux deux vers isolés sur lesquels il appuie son accusation. Ces deux vers, même en les complétant par deux autres qu’on trouve dans Stobée[1], sont

  1. Voici une traduction assez exacte, croyons-nous, de ces quatre vers :

    « Que chacun, établissant le calme dans la cité, cherche