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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/139

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PINDARE

et la rendaient plus sensible : c’étaient la musique et la danse. Des deux parties de la musique, le rythme et la mélodie, il ne nous reste que la moitié de la première, c’est-à-dire le rythme poétique, qui se confond avec cet emploi de la langue qui constitue le vers. On peut dire que le rythme a sa place dans tous les arts et que son importance y est capitale, parce qu’il tient étroitement au sentiment de l’harmonie dont ils sont nés. Dans la statuaire, c’est de lui que relèvent les lois d’équilibre et d’élégance auxquelles elle est soumise. L’architecture l’observe par la symétrie et la proportion ; chacun des ordres grecs est comme un rythme particulier, dont la valeur expressive, gravité sereine ou grâce délicate, est sensible pour tous, aussitôt qu’on prononce les noms de dorique et d’ionique. Mais le rythme appartient en propre à la poésie, à la musique et à la danse, et c’est là naturellement qu’il a toute sa force d’expression. Chez les Grecs, dont les émotions esthétiques étaient beaucoup plus vives que les nôtres, cette force d’expression dépassait pour nous toute vraisemblance. Pour la poésie, ce n’est pas à Pindare qu’il en faut demander les exemples les plus frappants. Ce n’étaient pas les odes triomphales, c’étaient les genres passionnés, comme le dithyrambe, qui, par des changements de rythme, marquaient les troubles et les secousses de l’âme. La sérénité de Pin-