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PINDARE

un même caractère le rythme poétique et le rythme lyrique, le plus souvent confondus, et la mélodie, en étroit rapport avec eux. Le mouvement plus ou moins rapide du rythme, qui réglait le chant, la musique et la danse, et la tonalité de la mélodie, qui constituait des modes ou harmonies d’une nature très distincte, produisaient des effets expressifs d’une telle puissance, qu’ils ont été de la part des moralistes l’objet de la plus sérieuse attention.

On connaît les pages si pénétrées de l’esprit antique qu’ont écrites sur ce sujet Platon et Aristote ; on sait quelle influence ils attribuent au choix des harmonies et des rythmes sur l’éducation des enfants et sur le caractère des citoyens. Le premier va jusqu’à répéter et prendre à son compte l’opinion d’un musicien nommé Damon, qui affirmait que nulle part on ne pouvait changer les modes musicaux, sans que ce changement affectât les lois essentielles de la cité. Naturellement, personne plus que les poètes n’a rendu hommage à la musique. Parmi eux, c’est Pindare lui-même qu’il faudrait citer le premier. C’est lui qui, au début de la première Pythique, revêt de tout l’éclat de la muse païenne cette idée, qui semble un écho poétique des doctrines de Pythagore, que les divins concerts d’Apollon et des Piérides répandent dans l’Olympe un calme souverain, tandis que leur pénétrante mélodie va jusqu’au fond du Tartare redoubler les