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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

tortures des monstres ennemis de l’ordre établi par Jupiter. Je ne sais pourtant si nous n’avons pas un témoignage encore plus significatif, celui d’Aristophane, qui reprend la même pensée dans la pièce où sa fantaisie attribue aux oiseaux la supériorité sur les dieux. Pour lui, les chants des cygnes à demi fabuleux de la Thrace sont la source suprême de cette harmonie dont le charme subjugue et domine tout l’univers :

« Des rives de l’Hèbre leur voix puissante monte à travers les nues : les races diverses des bêtes sauvages son frappées de stupeur, les vents se taisent et la sérénité de l’air éteint le mouvement des flots. Tout l’Olympe résonne ; les dieux sont ravis en extase ; en réponse éclate le chant mélodieux des Grâces et des Muses olympiennes. »

Voilà quel mouvement d’imagination provoque dans cette poésie railleuse d’Aristophane le sentiment des effets musicaux.

Les Grecs reconnaissaient aussi à la danse une grande force d’expression morale. « Quand la danse est telle qu’elle doit être, dit Lucien, elle est utile à ceux qui la voient ; elle est propre à cultiver l’esprit et à l’instruire ; elle règle les âmes des spectateurs, qui sont formés par ce qu’ils voient comme par ce qu’ils entendent ; elle offre une sorte de beauté qui participe également de l’âme et du corps. » Tel était sur les Grecs l’effet du rythme