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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/149

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PINDARE

plus admirée à sa naissance : bien que le poète annonce que sur les bords dircéens il amasse l’élite des plus belles fleurs, la couronne qu’il en tresse n’a rien de pindarique. Ni le développement suivi de ces longs récits, empruntés en grande partie à Hésiode, ni les allures régulières et placides des phrases, ni la succession prolongée de ces systèmes de strophes, d’antistrophes et d’épodes qui bercent l’oreille de leur uniformité, ni les caractères du style ne rappellent en rien Pindare. Malgré quelques vers nerveux et rapides, l’ensemble paraît monotone et languissant. Ce qu’en général on goûte le plus aujourd’hui, ce sont des passages gracieux, dont la mignardise s’inspire de la poésie anacréontique, et relie ces odes à hautes prétentions à ces jolies pièces du même poète, où la nouvelle école avait moins imprimé sa marque.

Cependant, dans cette ivresse un peu aveugle de la Renaissance, tout n’était pas illusion ; ce ne fut pas tout à fait en vain que le chef de la pléiade crut sentir le souffle de Pindare. On ne peut lui refuser l’honneur d’une conception plus haute de la poésie ; il poursuivit une idée de richesse et de magnificence ; il rechercha une élévation de ton et une plénitude de nombre que son détracteur, Malherbe, n’aurait sans doute pas connue, s’il ne lui en avait transmis le sentiment et l’exemple. Il y a d’ailleurs chez lui à distinguer de la pratique