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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/166

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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

tion du livre de Bernhardy, le savant historien de la littérature grecque. Ailleurs qu’en Allemagne, elle n’a pas toujours obtenu la même approbation ; mais elle est restée tellement considérable, qu’il n’y a guère, sauf en France, d’interprète de l’Antigone qui n’en subisse l’influence ou se dispense de la discuter. Ainsi on en reconnaît les traces dans l’introduction que M. Donaldson mettait en tête d’une édition et d’une traduction très estimées en Angleterre, et, tout récemment aux États-Unis, M. Woolsey vient de consacrer en grande partie à une réfutation très sensée de cette théorie la préface d’une édition classique de la tragédie de Sophocle[1].

Peut-être est-il moins utile de réfuter Boeckh que de montrer ce qui a pu fausser son jugement. Il serait d’une injustice choquante de refuser à lui-même et à ses partisans la sagacité et le sens du génie grec, quand ils s’en tiennent à ce que leur fournit leur profonde et pénétrante érudition. On ne s’expliquerait donc pas ces erreurs de leur part sans une cause étrangère. Il y en a une en effet. Ils ont subi une influence non remarquée jusqu’ici,

  1. Dans la liste des partisans plus ou moins déclarés de Boeckh, un des premiers noms à citer serait celui de Wex, dont la volumineuse publication offre encore aujourd’hui bien des ressources. Il est à remarquer qu’un des plus autorisés parmi les éditeurs de Sophocle, M. G. Dindorf, semble se tenir à l’écart dans cette discussion.