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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

qu’Hérodote est l’imitateur, l’authenticité des vers d’Antigone serait évidente ; mais il semble plus probable, au contraire, que le poète a transporté librement dans son drame ce que le consciencieux historien avait rapporté comme conforme à la vérité des faits. En tous cas, une conclusion légitime à tirer de là, c’est que ce raisonnement qui paraît aujourd’hui inadmissible, pouvait frapper les Grecs par sa singularité, mais était, à leur sens, assez vraisemblable, pour que Darius, dans Hérodote, y donnât son approbation, et pour qu’un poète le fît entendre à des oreilles athéniennes dans une des scènes les plus touchantes qui soient au théâtre.

Le progrès des mœurs, l’influence du christianisme, ont profondément modifié la situation de la femme dans la famille. Elle a gagné en dignité, et le rapport de ses devoirs n’est pas resté le même. C’est là une observation très juste que M. Woolsey répète avec raison. L’histoire des divorces dans l’antiquité aurait de quoi nous surprendre. Les deux mariages de Porcia, envoyée par le sage Caton dans la maison d’un ami sans enfants, l’orateur Hortensius, et revenant plus riche à son premier époux, n’en formeraient pas le chapitre le moins curieux. À Athènes, du temps de Sophocle, la première fonction de la femme était d’assurer, par la perpétuité de chaque famille, la continuation