Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
ÉPICHARME

phique. Il est probable qu’il faut faire un pas de plus et refuser au poète comique aussi bien le premier degré que le degré supérieur de l’initiation. Quel qu’ait pu être le rapport qui unissait les doctrines spéculatives du pythagorisme et les pratiques à demi religieuses de la vie pythagorique, il importe de les distinguer : on pouvait s’occuper des premières sans être engagé dans les secondes. Un poète dramatique ne se partage guère entre son art et un ascétisme exigeant, et l’on a peine à se figurer Épicharme enchaîné par l’observation des règles minutieuses de la sagesse pythagoricienne et possédé en même temps de ce goût pour les farces mégariennes dont il doit tirer la comédie. D’ailleurs, et ceci a presque la valeur d’un argument positif, les fragments de ses œuvres ne nous montrent pas en lui un pythagoricien pur, un disciple astreint à la reproduction fidèle et exclusive de la doctrine sacrée. La seule chose certaine, c’est que son esprit, curieux et actif, ouvert aux pensées graves comme aux vives impressions de la vie réelle, fut attiré par les spéculations de la philosophie contemporaine et qu’il subit surtout l’influence des pythagoriciens.

Ainsi, si l’on ne peut admettre absolument, comme Platon semble le faire dans un jeu de discussion[1],

  1. Théétète, 152, c.