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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/27

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ÉPICHARME

gument, l’argument de l’accroissement, qui se rapportait à cet ordre d’idées, et qui, adopté par Chrysippe et les stoïciens, était resté dans les écoles. En quoi consistait cet argument ? C’est ce qu’il n’est pas facile de déterminer, malgré quelques indications de Plutarque[1]. Le point particulier sur lequel il portait, c’est que cet écoulement perpétuel de toutes les substances, soumises à une succession indéfinie de pertes et d’accessions, exclut pour chacune d’elles l’identité. Il n’y a pas pour elles diminution et accroissement, comme on dit par abus de langage, mais une série de morts et de naissances. Quant à la forme propre de l’argument, nous en avons certainement quelque chose dans le même fragment dont il vient d’être question :

« A. Si à un nombre impair ou, si l’on veut, pair, on ajoute ou l’on retranche un jeton, te semble-t-il rester le même ? — B. Non, assurément. — A. De même, si à la mesure d’une coudée on ajoutait ou l’on retranchait une longueur, cette mesure existerait-elle encore ? — B. Nullement. — A. Eh bien ! considère maintenant les hommes… »

C’était sans doute sur ce fait de science vulgaire, que toute variation du nombre et de la mesure produit un nouveau nombre et une nouvelle mesure, qu’était fondé l’argument auquel Épicharme

  1. De tranquillilate animi, p. 473, d. De sera num. vind., p. 559, b. Vita Thes., c. 23.