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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/274

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II


Qu’était-ce, au temps de Théocrite, que la légende sicilienne de Polyphème, « le Cyclope de chez nous, » comme il dit lui-même ? C’est ce qu’il faudrait savoir pour apprécier la manière dont il l’a traitée. Sans insister sur les obscures origines des croyances sur les Cyclopes dont assurément le poète ne s’était jamais inquiété, rappelons que les Cyclopes siciliens appartenaient à la seconde des deux classes principales auxquelles on rapportait ces êtres monstrueux. La première se composait des trois Cyclopes hésiodiques, puissances élémentaires du monde, divinités du ciel orageux, personnifications des phénomènes de la foudre : l’éclair (Stéropès), le grondement (Brontès), le coup éblouissant et rapide (Argès). Il semble que, par suite d’une assimilation fréquente entre les nuages du ciel et les vagues amoncelées de la mer, les