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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/296

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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

Théocrite ne disait pas que c’est Daphnis qui aime Xénéa et qui erre éperdu dans la montagne. Et la jeune fille de la ire idylle, qui erre aussi dans les solitudes sauvages ? Un commentateur ancien l’identifie avec Xénéa ; mais c’est au prix d’un contresens. Aussi des modernes, Welcker[1], Dœderlein[2], M. Adert[3], préfèrent-ils reconnaître sous cette vague désignation Naïs, l’épouse trahie. Mais, comme le fait remarquer avec raison K.-Fr. Hermann[4], un des derniers qui aient traité ces questions, Vénus, dont la vengeance cause, dans la ire idylle, la mort de Daphnis deviendrait ainsi la gardienne de la fidélité conjugale ; ce qui n’est nullement conforme à son caractère. Il en conclut donc qu’outre Naïs et Xénéa, il y a dans les amours du Daphnis de Théocrite une troisième femme. On est tenté de trouver que c’est beaucoup ; mais cette troisième femme est indispensable au savant critique pour résoudre à son gré, en s’aidant de ses connaissances mythologiques et grammaticales, les questions de psychologie et de physiologie amoureuses dans lesquelles la ire idylle a engagé ses interprètes.

La plupart avaient pensé que, dans cette lutte

  1. Kl. Schrift., t. I, p. 189 et suiv.
  2. Lectiones Theocriteæ, p. 3 et suiv.
  3. Théocrite, p. 45.
  4. De Daphnide Theocriti, p. 15.