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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

grammaire. On a cité plus d’une fois, sinon parfaitement défini, la Tragédie des lettres de Callias ; des tragiques avérés, Euripide, Agathon, Théodecte, se transmettent, comme un thème agréable à la foule, une description des lettres qui entrent dans la composition du nom de Thésée ; ils en chargent un personnage qui ne sait pas lire. Sophocle, dans le drame satirique d’Amphiaraüs, va jusqu’à mettre l’alphabet en ballet, ou, du moins, confie à un danseur le soin d’en figurer les signes. Bien avant eux, le même sujet avait attiré, dit-on, l’intérêt d’Épicharme ; il s’en serait même occupé, non par un caprice accidentel de poète, mais en grammairien, s’il est vrai qu’il fut de moitié dans les inventions par lesquelles un autre poète, Simonide, passe pour avoir complété l’alphabet hellénique.

Pour revenir à la philosophie pure, parmi les maîtres illustres dont les idées ne furent pas étrangères à Épicharme, à côté d’Héraclite, il faut placer Xénophane, qui passa une partie de sa longue vie à Zanclé et à Catane, et que le poète put connaître personnellement. Nous ne savons trop si sa reproduction d’un point de doctrine d’Héraclite était sérieuse ou ironique : il paraît avoir combattu franchement Xénophane. C’est la seule chose qui ressorte clairement d’un passage de la Métaphysique d’Aristote[1].

  1. III, 5 (p. 1010, a, 6, Bekker.)