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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/306

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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

taire au milieu de ses troupeaux et de cette nature sauvage qui lui inspire l’invention de la musique pastorale et subit le charme de ses chants, enfin ses rapports avec Artémis, qu’il accompagne dans ses chasses. Ce dernier trait contient peut-être la première idée de l’Hippolyte d’Euripide, le pur et mystique amant de la déesse, à laquelle il offre, au lieu d’un grossier encens, les fleurs les plus fraîches, « écloses dans la sainte solitude de prairies où l’abeille seule ose pénétrer ». Bien entendu, il n’y a dans le mythe de Daphnis aucune trace de ce mysticisme ni de cette dévotion ; mais, comme Hippolyte, il meurt victime de Vénus.

Ces conceptions élémentaires, y compris la dernière idée à laquelle Théocrite donne toute sa valeur[1], sont ce qui domine dans le chant de Daphnis. Déjà, dans la huitième idylle, un trait d’une grâce toute bucolique indiquait la pudique beauté de Daphnis enfant :

« Hier, une jeune fille aux sourcils joints, me voyant de sa grotte passer avec mes génisses, dit : « Qu’il est beau ! Qu’il est beau ! » Pour la punir, je ne répondis pas, et, les yeux baissés, je continuai mon chemin. »

C’était comme l’apparition de ce type élégant et

  1. Fr. Jacobs pense que cette idée est introduite dans la légende par Théocrite et que c’est chez lui un souvenir de l’Hippolyte d’Euripide.