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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/311

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LA PASTORALE DANS THÉOCRITE

bonheur : l’image de cette brillante destinée, malgré la délicatesse ou l’éclat des traits qui la représentent ou l’indiquent, ne saurait effacer la touchante et profonde peinture du poète grec. Et c’est un sentiment qui se confirmera d’autant plus, que nous entrerons davantage dans l’étude des allusions de la cinquième églogue et de ce curieux travail qui paraît avoir assimilé Jules César à Daphnis, à cause d’une certaine parenté mythologique de celui-ci avec Apollon, le dieu des Jules[1].

Pour conclure en quelques mots, Théocrite, ce poète étudié et délicat, est ici simple et grand auprès de Virgile. Que dire, après cela, de ses autres émules dans la pastorale ? Lui seul a cette sève naturelle et toute grecque qui soutient et anime un art très ingénieux ; et le mot de grand n’est point excessif appliqué à celui qui a chanté l’amour du Cyclope et la mort de Daphnis, car ces deux poèmes, sans s’élever au-dessus du ton bucolique, ont toute la grandeur que comportaient de pareils sujets.

  1. Ceux qui auraient la curiosité de voir jusqu’à quel point la pénétration érudite peut s’allier avec la fausseté du jugement, pourraient lire sur cette question les pages de Klausen dans son livre Énée et les Pénates (t. I, pages 518 et suivantes).