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L’ALEXANDRINISME

aux rêves de domination universelle, et si l’hellénisme, qui l’avait créée, avait été contraint d’y admettre le mélange des éléments égyptiens, du moins avait-elle rempli une partie de sa destinée et pris un caractère tout spécial dans cette colonisation grecque dont elle fut le suprême effort. Colonie indépendante et sans métropole, elle vit tous les pays grecs répondre à l’appel que semblait leur adresser le phare colossal dressé à l’entrée de ses ports, et sa vaste enceinte se remplit d’une foule cosmopolite. Avec les Grecs expatriés, s’y rencontraient les Égyptiens indigènes et les Asiatiques, en particulier les Juifs, qui avaient leurs quartiers à part.

La spirituelle idylle des Syracusaines nous met vivement sous les yeux quelques traits de la vie des émigrés grecs de la classe moyenne, fidèles à l’esprit et à la langue de la mère patrie au milieu de cette multitude où ils sont comme perdus, de ce mouvement et de ces splendeurs de leur patrie nouvelle qui les enchantent. C’est un jour de fête, les rues fourmillent de monde ; les deux petites bourgeoises de Syracuse, soutenues par une intrépide curiosité, ont peine à se frayer un chemin ; et ce qui ne contribue pas le moins à entraver leur marche, c’est le nombre de soldats, de chars et de chevaux qu’elles rencontrent sur leur passage. Nous sommes dans une monarchie établie par la