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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/33

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ÉPICHARME

Est-ce lui-même, est-ce un de ses personnages qui parle dans ces fragments isolés que le hasard nous a transmis ? Il est souvent difficile de le savoir. Le seul point qui reste bien établi, c’est qu’il subit surtout l’influence pythagoricienne et qu’il la subit profondément. C’était la croyance de toute l’antiquité. S’il en avait été autrement, comment Ennius aurait-il eu la pensée d’intituler Épicharme le poème où il exposait des idées attribuées à Pythagore ? Soit qu’il eût imité un ouvrage analogue du poète grec, soit que, comme le veut M. Vahlen, l’excellent éditeur d’Ennius, il l’eût fait parler comme un interprète du maître, dans les deux cas la conclusion est la même. Comment s’expliquer aussi, à moins d’admettre sa célébrité comme pythagoricien, que de bonne heure, dès avant le temps d’Aristoxène, le disciple d’Aristote, son nom ait été frauduleusement inscrit en tête de livres renfermant des idées pythagoriciennes, comme cette République, dont le véritable auteur était, paraît-il, un joueur de flûte nommé Chrysogonos ?

« Nous vivons par le nombre et par la raison : ces deux choses font le salut de tous les mortels. »

Voilà un vers de ce poème. D’autres, qui viennent peut-être de la même source, car Clément d’Alexandrie, qui les cite comme d’Épicharme, lui attribuait la République, ont un caractère analogue ; par exemple ceux-ci :