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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

Le premier de ces déguisements est le titre même du poème, Ibis. Il est certain que ce pseudonyme désigne Apollonius ; mais pourquoi ? et quelle est l’intention satirique qui l’a fait choisir ? Pour que le trait portât, il fallait que le nom éveillât une idée nette, en rapport connu avec quelque particularité de celui auquel il était attribué. Or qu’y avait-il de caractéristique chez l’oiseau égyptien, suivant la croyance de l’antiquité ? Surtout un détail de mœurs fort extraordinaire, que Cicéron se charge de nous apprendre. Il nous dit que les ibis d’Égypte se soignent par des purgations : purgatione alvos curant. Et précisément ce détail est consigné dans un vers d’Ovide, qui ajoute même l’indication du moyen employé, de l’eau lancée avec le bec : corpora projecta quæ sua purgat aqua. Le commentateur ancien d’Ovide prend soin d’expliquer qu’il y a là une allusion à je ne sais quelles habitudes immondes de l’ennemi de Callimaque. Laissons-lui son explication, bien qu’elle ait trouvé des approbateurs ; il suffirait de conclure que, si le vers du poète latin contient vraiment la clé de la difficulté, Apollonius faisait sans doute un fréquent usage du procédé curatif dont Molière aimait à s’égayer. Mais on a proposé des interprétations d’une nature plus relevée. Ainsi, pour M. O. Schneider, l’éditeur apprécié de Callimaque, le vers d’Ovide renferme une allusion d’un tout autre