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L’ALEXANDRINISME

genre. La purgation de l’ibis, transportée chez Apollonius, perd son caractère physique et n’est plus qu’une ingénieuse image : si le poète est malade, c’est de l’indigestion que lui causent toutes les expressions, tous les vers, tous les morceaux qu’il a pris aux autres ; il est gorgé de plagiats, et il se soulage en les rejetant dans son poème. On n’accusera pas M. Schneider de faire tort aux alexandrins en leur prêtant trop de simplicité.

En réalité, la seconde explication ne vaut pas mieux que la première. Elles pèchent toutes deux par la base, car le vers d’Ovide est tout simplement une périphrase qui tient lieu du mot ibis. C’est ce que M. Couat a remarqué avec beaucoup de sens. Ce n’était peut-être pas une raison pour qu’il se laissât lui-même séduire par une idée qui le dispute presque en subtilité à celle de M. Schneider. Les interprètes vers lesquels il incline se souviennent que l’ibis était consacré à Mercure, le dieu des voleurs, et ils supposent que l’oiseau, participant du caractère de son patron, prête ici son nom pour servir d’emblème aux larcins poétiques d’Apollonius. Il se peut, en effet, que, dans les nombreuses critiques qui furent dirigées contre lui, ait figuré celle de plagiat, et que Callimaque se soit cru particulièrement fondé à réclamer, soit parce que le second livre des Causes avait servi à