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L’ALEXANDRINISME

s’était inspiré du récit de l’hospitalité d’Eumée dans l’Odyssée et plus encore de l’idylle épique où Théocrite encadre et dépeint la lutte d’Hercule contre le lion de Némée. Pour faire saisir quel était le ton qui régnait dans la plus grande partie, il suffira de rappeler que la fable de Philémon et Baucis dans Ovide est une imitation de l’Hécalé. Le succès de Callimaque fut très grand, et, en lisant dans M. Couat une restitution très ingénieuse et très sensée, on est porté à croire que cette œuvre de sa vieillesse fut sa meilleure. Elle ne le classa point parmi les grands épiques, ce qui n’était peut-être pas son ambition ; mais elle mit définitivement au-dessus de toute contestation un talent si fin et si achevé. Désormais il put se flatter d’avoir enfin triomphé de l’envie, et il n’hésita pas à l’affirmer dans l’épitaphe qu’il prit soin de composer pour lui-même.

Apollonius, de son côté, obtint de grandes compensations au mécompte qu’il avait éprouvé dans sa première jeunesse. D’abord, à Rhodes son exil volontaire n’eut rien de pénible. Adopté, inscrit au nombre des citoyens, traité avec honneur, il y vit si bien grandir sa réputation, que, lorsqu’en 194 la mort d’Ératosthène laissa vacante la direction du Musée d’Alexandrie, ce fut lui qui fut appelé à cette succession. Il rentra donc en triomphe dans cette patrie qui autrefois l’avait presque chassé ; il y ren-