Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

tra comme chef du cénacle qui avait prononcé la sentence. Quel était le sens de cette éclatante réparation ? Sans nul doute, on rendait hommage à son mérite ; mais ce maître qui pénétrait enfin dans le sanctuaire, y venait-il pour le transformer ? Apportait-il une révolution ? Nullement ; il se retrouvait tout simplement chez lui : alexandrin il était parti, alexandrin il était au retour. Pendant les quarante ans et plus qu’il avait passés à Rhodes, les Argonautiques n’avaient pas occupé tout son temps ; il avait fait aussi une série de poèmes archéologiques sur des fondations de villes rhodiennes et égyptiennes, dans le genre de ceux de Callimaque ; il avait étudié les textes anciens, enseigné la rhétorique et la grammaire. De là aussi son succès et sa célébrité. Enfin sa grande épopée elle-même, son œuvre de prédilection, par la science et l’exactitude, par la recherche et l’élégance, par beaucoup de mérites et de défauts, elle est tout à fait dans le goût d’Alexandrie. Il l’y rapportait patiemment retravaillée selon les règles de l’école. En franchissant le seuil du Musée, il ne faisait donc violence ni à personne ni à lui-même.

M. Couat relève chez le biographe inconnu d’Apollonius une assertion d’après laquelle celui-ci aurait été enseveli dans le même tombeau que Callimaque. Il fait remarquer que probablement ils furent, non pas placés dans le même monu-