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ÉPICHARME

couleur pythagoricienne, contribuent à nous le faire voir à la place secondaire, mais honorable, où le mettait l’estime des anciens, dans le cercle où rayonna d’abord l’enseignement de Pythagore, entre le maître et un autre philosophe inspiré, le Sicilien Empédocle.

L’examen des fragments d’Épicharme au point de vue philosophique n’a qu’une médiocre importance, car on n’y trouve rien qui soit de nature à éclairer le pythagorisme, ni qui révèle une puissante originalité. Il y a peut-être plus d’intérêt à rechercher au point de vue de l’art sous quelle forme le poète avait exprimé cet ordre d’idées dont il est pour nous l’interprète assez imprévu. Était-ce dans ses comédies ? était-ce dans un poème distinct ?

La première opinion, développée surtout par Grysar, dans son livre connu sur la Comédie dorienne, s’appuie d’abord sur un témoignage ancien, mais postérieur d’environ huit siècles aux faits racontés. Jamblique dit qu’Épicharme, une fois transporté à Syracuse, s’abstint, par crainte du tyran Hiéron, de confesser ouvertement sa foi de philosophe, mais la dissimula sous la forme poétique et se servit de la comédie pour publier les doctrines de Pythagore. Un apôtre déguisé en comédien, ce serait assurément une forme piquante de prédication philosophique, surtout si l’on se