Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II


La peinture elle-même de l’amour de Médée est d’une incontestable beauté ; mais si l’on y recherche les signes de l’alexandrinisme, qui se compose surtout de faiblesses, il faut bien avoir le courage d’y introduire la critique. Je ne voudrais pas abuser de la comparaison avec Virgile, qui s’est proposé un autre objet : il a voulu faire une tragédie et nous a donné, en effet, la plus touchante de l’antiquité. Mais comment ne pas remarquer combien Apollonius, qui, sans viser aux grands effets pathétiques, prétendait assurément être un peintre dramatique de la passion, paraît moins vivant ? Ce n’est pas que la jeune fille n’agisse sous nos yeux, qu’il ne nous la fasse entendre, et qu’il ne nous charme par beaucoup de traits naturels. Mais dans ses longs développements tout est successif ; il ne connaît pas cette puissante concentration de la vie