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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/38

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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

que le créancier recourait aussi à l’argument décisif du bâton et réveillait ainsi chez le débiteur le sentiment de son identité. C’est peut-être à cela qu’aboutissait dans une comédie perdue l’exposition qui remplit le plus important des fragments philosophiques d’Épicharme, celui où est marquée l’empreinte de la doctrine d’Héraclite. On peut encore, pour donner plus de piquant à la scène, supposer que c’est le créancier qui est partisan de la doctrine du devenir, et que le débiteur se moque de lui en répondant par les propositions qu’il lui emprunte. Le défaut de cette restitution, quelque esprit qu’on y puisse mettre, c’est de ne reposer sur aucune base solide, car dans le passage de Plutarque bien interprété, ces exemples de l’invité et du débiteur sont attribués, non à Épicharme lui-même, mais aux sophistes qui ont tourné à leur manière son argument.

Cependant il y a deux raisons de penser que la plupart des fragments philosophiques ont été extraits de comédies. Parmi les cinq les plus étendus où ce caractère semble le plus marqué, trois au moins ne peuvent guère avoir une autre origine : ils sont sous forme de dialogue. Deux font parler successivement les interlocuteurs, et, dans le troisième, le personnage qui parle seul en interpelle un second, Eumée, auquel il communique ses observations sur l’instinct des animaux. Ce nom