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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/39

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ÉPICHARME

d’Eumée a même fait penser que ces vers pouvaient être tirés de la pièce intitulée Ulysse naufragé. Ensuite les mètres employés par le poète amènent à la même conclusion : c’est ou le trimètre ïambique, qui de la poésie satirique est passé au drame, dont il est l’instrument ordinaire, ou bien le tétramètre trochaïque, qui ne convient pas mieux à une exposition philosophique. Ajoutons que l’emploi de ces deux vers dans une même œuvre, très fréquent dans le drame, serait sans exemple dans un poème didactique. Cette raison tirée des mètres est décisive. Elle tranche aussi la question pour des vers qui offrent un intérêt particulier parce qu’on y a cru saisir l’accent personnel du poète philosophe ; ce sont des tétramètres trochaïques :

« Ce que je pense, car telle est ma pensée, ce que je sais bien, c’est qu’il restera plus tard un souvenir de ces choses que je dis. Quelqu’un les dépouillera du mètre dont elles sont maintenant revêtues et, lutteur redoutable, fera voir que les autres sont faciles à abattre. »

Sans chercher quel peut être ce lutteur, annoncé peut-être après coup, et par conséquent si la prédiction est authentique, bornons-nous à remarquer qu’il semble qu’ici Épicharme, ou le personnage qu’il met en scène, se glorifie surtout de sa science dialectique, et nous avons vu qu’en effet le nom