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II


Le contraste entre les deux natures qui paraissent réunies chez Épicharme a semblé si étrange, que des érudits, Meursius, Gessner, Harless, l’ont dédoublé en deux personnages distincts, le poète et le philosophe. On a même été jusqu’à supposer un troisième Épicharme, médecin. Ces hypothèses ne sont nullement nécessaires. Dans le temps même où fleurissait à Syracuse la comédie dorienne, le grave et religieux Eschyle faisait représenter ses drames satiriques sur le théâtre d’Athènes. À la fin du Banquet de Platon, Socrate force ses interlocuteurs à reconnaître qu’il appartient au même homme d’être bon poète tragique et bon poète comique. Voilà donc pour les deux faces du drame la question soulevée et résolue dans l’antiquité. C’est bien le même Épicharme qui s’occupa de philosophie et de science, et qui fut en même temps le premier