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ÉPICHARME

qu’il aidait ainsi à diriger le goût public vers les travaux de la campagne ? Plutarque nous dit, en effet, que Hiéron, après son frère Gélon, développa l’agriculture et en fit un moyen politique de moralisation[1]. Faut-il croire plutôt qu’Épicharme céda seulement à l’attrait qu’exerça sur lui la riche nature de la Sicile et à un désir personnel de contribuer à l’instruction et au bien-être des heureux possesseurs de ces belles campagnes ? C’était encore se montrer fidèle à la tradition pythagoricienne, celle que devait suivre avec éclat Empédocle, quand des travaux entrepris sur ses conseils rendaient la santé aux habitans de Sélinonte empestés par des marais, ou protégeaient une autre ville contre des vents pernicieux, et que par son intelligence des phénomènes naturels il devenait un des bienfaiteurs de la Sicile.

Quelle que soit la valeur de ces deux hypothèses, Épicharme n’en reste pas moins un des plus frappants exemples de cette ardeur qui entraînait alors les esprits sérieux vers l’étude féconde de la philosophie et de la science, principalement sous la puissante impulsion de Pythagore. Comment fut-il en même temps poète comique, et qu’était-ce que ses comédies ? Telles sont les questions qu’il est naturel de se poser, sinon facile de résoudre.

  1. De sera num. vind., p. 552, a.