Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
ÉPICHARME

pre de la parodie, c’est de ramener ces acteurs héroïques ou divins aux proportions de l’humanité, et de l’humanité contemporaine ; c’est le principe même de l’effet comique. Xénophane disait : « Homère et Hésiode ont transporté chez les dieux tout ce qui chez les hommes est un sujet de honte et de blâme ; ils ont attribué aux dieux beaucoup d’actes coupables, des vols, des adultères, des fraudes. » Dans le même temps, la comédie d’Épicharme pouvait aider sans intention la prédication du philosophe en mettant sur la scène les faiblesses divines. Seulement elle choisissait ce qui prêtait au ridicule ; elle en étalait le détail sous les yeux et cherchait le rire par un contraste perpétuel entre la majesté des noms et des attributs et la vulgarité des actes, des sentiments, des situations. Elle le faisait avec une hardiesse qui dépassait de beaucoup celle du drame satirique ; car, tandis que celui-ci se bornait à faire descendre les héros jusqu’à la société d’êtres à demi humains d’une bouffonnerie bestiale, sans porter autrement atteinte à leur dignité personnelle, c’étaient eux-mêmes, c’étaient les dieux qu’elle prenait plaisir à dégrader.

Ainsi dans la pièce intitulée les Noces d’Hébé, qui fut une seconde fois présentée ou publiée sous un nouveau nom, les Muses, on voyait les principales divinités de l’Olympe transformer le banquet