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ÉPICHARME

tôt de la gloutonnerie d’alors ; des énumérations sans fin en détaillaient au public toutes les richesses, poissons, coquillages, gibier, pains de toute sorte :

« Il apporte des coquillages de toute espèce, patelles innombrables, crabyzes, cécibales, téthyes, peignes, glands de mer, pourpres, huîtres aux valves bien jointes, qu’il est difficile d’ouvrir et facile d’avaler ; moules, anarites, carices, épées, douces au palais et dures aux doigts qu’elles piquent, solènes longues et ovales ; et la conque noire, que vendent tous les pêcheurs de conques ; et aussi les coquillages de terre, et ces coquilles de sable mal famées, sans valeur, que tous les hommes appellent androphyctides et que, nous autres dieux, nous nommons leucées. »

Il n’y avait que des populations maritimes pour fournir une pareille liste ; et encore nous n’avons pas tout. On ne peut songer à relever ici des mérites de premier ordre. Lisez cependant chez Rabelais ou ailleurs des énumérations analogues : outre que vous n’y trouverez plus le rythme poétique ni la langue fine et sonore de l’écrivain grec, vous y chercheriez vainement l’effet de cette multitude de noms qui se pressent et s’accumulent, relevés chemin faisant par des épithètes expressives, des traits descriptifs ou plaisants, des parodies, réunis et entraînés par le même flot de verve et de bonne humeur.