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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/63

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ÉPICHARME

pas pour autoriser la supposition qu’il y eût dans ces pièces l’étude plus ou moins approfondie d’un personnage. Mais, à défaut de caractères nettement tracés, un fort joli fragment d’une comédie intitulée : l’Espérance ou Plutus, nous fournit la première esquisse d’un type, celui du parasite, que les comiques latins devront souvent reproduire à l’imitation des Grecs. Le personnage, qui vient d’être dépeint faisant dans un banquet l’éloge de la frugalité et avalant d’un trait une grande coupe de vin, expose lui-même son genre de vie :

« Je dîne avec qui veut : il n’y a qu’à m’inviter ; et aussi avec qui ne veut pas : nul besoin d’invitation. À table, je suis plein d’esprit, je fais beaucoup rire et je loue le maître de la maison. Si quelqu’un s’avise de me contredire, j’accable d’injures le contradicteur. Et puis, après avoir bien mangé et bien bu, je m’en vais. Un esclave ne m’accompagne pas avec une lanterne ; mais je marche tout seul, en trébuchant dans les ténèbres. Si je rencontre la garde, je mets sur le compte de la bonté divine d’en être quitte pour quelques coups de fouet. Et quand je suis arrivé chez moi tout moulu, je dors par terre sans m’inquiéter de rien, tant que le vin pur engourdit mes sens. »

Il y a loin de ce pauvre homme, philosophe à sa façon, à l’Ergasile de Plaute, le convive invocatus, endurci aux soufflets et aux coups de pots brisés

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